Potes de bières ?

Last year my beer mates saved my life

Aujourd’hui, je te raconte (un peu) ma vie. 

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Merci bisou. 

Sinon. 

Tu voudrais boire ce que tu veux, comme tu veux, d’en dire ce que tu veux, et même d’en dire n’importe quoi ? Et qu’on te foute une paix royale ? 

Alors reste un peu. 

D’abord faut savoir que les gens, c’est pas vraiment mon fort. 

Il suffit d’une personne qui me sorte une énormité pour que je perde confiance en l’espèce humaine. Et il me faudra plusieurs semaines pour remonter la pente du désespoir. Par exemple : 

• “Non mais faut arrêter avec le sexisme, c’est quand même mieux aujourd’hui non ?” Euh non, en fait ça s’aggrave, dit le Haut Conseil à l’Egalité. 

• “C’est complètement inutile ces trucs en non-mixité.” Dixit une personne qui n’a sans doute pas expérimenté l’exclusion, la non-appartenance ou le sentiment d’illégitimité en raison de son genre. 

• “Boire des bières c’est pas genré comme activité !” On aimerait bien que non, mais les stéréotypes de genre sont plus tenaces que nos bonnes volontés. 

Quel rapport avec PinPinte ? 

Absolument tout. PinPinte est née des discussions sur la bière avec des gens. Oui parfois, quand je sors de ma grotte, je leur parle. 

Professionnel·es, amateurs et amatrices, expert·es, je-m’en-foutistes, beer snobs ou beer geeks. 

J’ai découvert que j’aimais les questions des non-initié·es, des gens qui pensent ne rien savoir, qui sont réellement curieux. Parce que leurs questions vont creuser dans ce qui semble évident, dans ce qu’on n’explique plus parce qu’on se retrouve entre gens qui se comprennent, qui partagent les mêmes codes. 

Et parfois, j’entends de la suffisance, du dénigrement de la part des gens qui pensent savoir mieux que les autres. Des propos sexistes aussi, sans forcément de mauvaise intention, mais sexistes malgré tout. 

Pour moi, le savoir ou le savoir-faire sont des ouvertures. Je ressens une colère sourde face aux gens qui utilisent leur savoir pour rabaisser ou intimider les autres. Qui utilisent leur expertise pour discréditer ou invalider les autres. Cela vient aussi bien des femmes que des hommes. 

Le milieu brassicole n’est pas mieux ou pire que le reste de la société française. La condescendance et les stéréotypes de genre y ont également leur place, aussi bien chez les professionnel·les que chez les consommateur·ices. 

Bien s’entourer, pour bien apprendre

Les clubs de zythologie ou les associations de bières qui s’étonnent du peu de femmes dans leurs effectifs peuvent toujours s’étonner. 

Que penses-tu qu’il se passe lorsqu’on ne fait rien de spécifique contre les comportements sexistes qui sont déjà là et que personne ne pointe du doigt ? Ben on les valide, avec un gros tampon “humour” ou “drague”, et ils restent pépouses, on leur fout la paix. 

Entendre des “blagues” sexistes “pas méchantes”, et ne pas pouvoir répondre parce qu’on n’a pas envie de passer pour le ou la rabat-joie de service, c’est pénible, c’est épuisant. 

Subir des remarques sur la bière qu’on vient de choisir parce que le serveur ou la serveuse pense que cela ne te convient pas, en tant qu’homme ou femme ? Ce n’est pas de la bonne intention, c’est du sexisme de premier niveau. 

Faire face au scepticisme des gens lorsqu’on raconte des situations de violences sexuelles, c’est doublement violent. 

Toute l’énergie dépensée dans l'absorption de ces manifestations sexistes, c’est de l’énergie qui n’est pas utilisée pour apprendre, découvrir et kiffer. 

Alors, on fait quoi pour kiffer ? 

En attendant de sensibiliser tout le monde, on peut se choisir un entourage qui va nous foutre la paix. D’où la création de l’association Buveuses de Bières en 2022. Avec Carol-Ann et Marie-Emmanuelle, on voulait que plus de femmes et personnes des minorités de genre se sentent à l’aise et en sécurité, pour apprendre des choses sur la bière et progresser. 

On ne donne de leçon à personne

Au sein de l’asso, nous tentons de diffuser des valeurs de respect mutuel, qui s’étendent jusqu’à nos détracteurs et détractrices. Nous mettons en avant les initiatives et les personnes que nous admirons, et nous passons sous silence les autres. 

Les personnes qui pointent du doigt nos erreurs ou nos incohérences perdent leur temps. Oui nous préférons être des féministes incohérentes que pas féministes du tout (merci Roxane Gay). Personne n’est à une contradiction près. 

Et si ça servait à quelque chose ? 

C’est une vraie question. Et si, en réservant une place aux personnes qui n’ont pas appris à la prendre elles-mêmes, elles pouvaient y gagner ? Et si, en laissant les personnes choisir l’environnement qui leur convient pour apprendre, elles apprenaient mieux ? 

Mes beer mates, mes potes de bières. 

Aujourd’hui, l’association compte environ 400 adhérentes réparties dans plus de 15 villes, animées par une vingtaine de bénévoles ultra actives. D’un point de vue coordination, c’est pas toujours évident. D’un point de vue humain, c’est un kiff assez unique. 

Non, toutes ne seront pas mes ami·es, dans le sens où on ne se connaît pas toutes, on n’est pas toutes proches et on ne s’aimera probablement pas toutes, mais on partage un truc en commun. 

On partage l’envie d’apprendre, la curiosité de la découverte, le kiff des bières. Chacune de nous peut trouver, en l’une des 400 autres adhérentes, des potes de bières, quelqu’une avec qui boire une bière, pour d’abord le plaisir de boire une bière. 

Ensuite de boire ce qu’on veut, comme on veut, d’en dire n’importe quoi, et qu’on nous foute une paix royale. 

Bisou. 

(Psst merci d'avoir lu jusqu'ici et go voter PinPinte)

Pour rejoindre l’asso c’est par ici (réservé aux femmes et minorités de genre). Si t’as pas un rond, demande-nous une cotisation suspendue. Pour soutenir financièrement l’asso tu peux acheter des trucs dans la boutique ou nous filer du cash. Tous les bénéfices de l’asso permettent d’organiser des activités pour apprendre à déguster, choisir ou brasser des bières. https://buveusesdebieres.fr/ 

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