“Ouais je fais mon Dry January en juillet, et alors ?”
Coeur avec les mains pour le Dry Whenever
Dans mon entourage, de plus en plus de personnes décident de sécher ponctuellement les boissons alcoolisées.
“Ah bon, pourquoi ?”
La question arrive très vite, parce qu’on est en France et que le refus de l’alcool ne peut pas être anecdotique. Quand tu es une femme, le soupçon de grossesse arrive immédiatement, ce qui est pénible quand tu expliques à tout va que ton premier enfant te coûte déjà cher à nourrir et à chérir.
Passons outre les grossesses et les motifs médicaux. Les raisons d’éviter l’alcool tournent autour de :
As-tu vu le point commun ?
C’est peut-être à cause de l’âge, peut-être à cause de la parentalité. Après tout, les parents quadra sont entourés de parents quadra, donc au bout d’un moment, on finit par se ressembler, y compris dans nos pratiques sociales.
Pour ma part, je ne sais pas si ça a un rapport avec l’âge, ou avec le fait que je deviens très exigeante avec ce que je bois, mais je consomme nettement moins d’alcool.
Surtout que, quand je bois trop, je ne me supporte plus.
Littéralement, j’ai envie de ne plus voir ma tronche.
Je trouve pénibles ces moments où ma mâchoire ne veut plus articuler, où les meubles foncent vers moi. Les lendemains qui bourdonnent, avec la furieuse envie de déposer mes organes hors de mon corps, désormais, c’est non-non.
Les “dérapages” arrivent encore, mais beaucoup plus rarement. Et vraiment, je n’en tire aucune fierté ni satisfaction, juste de la colère envers moi-même et l’envie de m’enterrer.
Mais bon, faut-il vraiment boire trop pour ne plus boire ?
(Vous avez quatre heures)
On revient sur le Dry January
C’est quoi ? Pourquoi faire ?
Officiellement, le Dry January a été lancé au UK en 2013 par Alcohol Change UK. L’objectif, sans surprise, est de sensibiliser à l’addiction à l’alcool, en lançant un challenge genre “cap ou pas cap” mais pendant 30 jours.
En France, il faudra attendre 2019 pour que soit créée l’association France Janvier Sobre, portée par Laurence Cottet, anciennement alcoolique, devenue Patiente-experte en Addictologie au CHU de Grenoble.
Le Ministère de la Santé et de la Prévention recense 49 000 décès par an liés à la consommation d’alcool.
Comme c’est une question de santé publique, le gouvernement soutient, évidemment.
Non je déconne.
Je passe sur les déclarations mollassonnes des ministres, je passe sur le comportement discutable d’un président proalcool. Chacun·e se fera son avis sur la question. Je te mets quelques liens à la fin de l’article.
En 2024, 28 000 personnes se sont inscrites sur la plateforme drayjanuary.fr pour participer au challenge, soit 75% de plus qu’en 2023.
Donc, si le Dry January trouve sa place en France, c’est essentiellement grâce aux associations, qui doivent s’armer lourdement pour sensibiliser, informer, démystifier.
Parmi les freins face au Dry January, on relève les craintes
d’être identifié·e comme quelqu’un qui a un problème avec l’alcool
d’une vie moins festive
d’un décalage avec l’entourage
l’absence de compensation pour déstresser
de ne pas y arriver
de passer pour “un con”, de se faire charrier
Tous ces freins sont tout à fait efficaces. Satanée résistance au changement.
L’alcool est social et culturel, c’est un rituel
On prend un verre ? Un binouze ? Une pinpinte ?
Dans certains secteurs d’activité professionnelle, boire fait partie du travail, par exemple le BTP, mais pas que.
L’alcool est un liant, souvent incontournable des moments de “convivialité”, dans les entreprises mais aussi de plus en plus dans les fêtes d’école (ah bon, pas dans ton école ?)
Est-ce que tu saurais refuser l’alcool quand les autres en boivent ? Saurais-tu tenir pendant que tu regardes les autres s’enfoncer dans leur délire. As-tu eu la sensation d’être extrémiste en refusant de l’alcool ?
Refuser l’alcool, c’est un acte quasiment politique. Refuser de donner une explication ? Une provocation !
Avant de se demander comment sortir de cette vieille boucle moche et toxique, on se demande ce qu’on peut boire de sympa de sans alcool ?
Quid de l’offre no/low ?
Je passe rapidement sur le fait que l’on peut boire des tas de trucs sans alcool de base. Mais comme tu es chez PinPinte, je parle de bière, sans alcool pour le coup.
Que ce soit en grande surface ou chez mes cavistes, on trouve désormais des bières, des vins ou des spiritueux sans alcool.
Si tu me lis depuis un certain temps, tu n’as pas pu le louper, j’aime défendre les bières sans alcool, même quand personne ne les attaque.
J’ai la sensation de trouver ce qu’il me faut. Mais je vis dans une grande ville, je connais (quasiment) tous les commerces d’alcool de ma ville, j’ai goûté la plupart des références disponibles, donc je sais où trouver ce qu’il me faut.
Dans certaines villes, on voit également fleurir quelques caves “sans alcool” ou des rayons no/low de plus en plus fournis. Des sites internet spécialisés aussi. Bon, en le disant, je me dis que je pourrais faire un petit recensement de ces fournisseurs. Si ça te botte, fais-moi signe.
Si tu n’aimes pas les bières sans alcool, je veux bien parier que c’est parce que tu n’as pas encore trouvé celle qui te convient. Parce que j’en ai bu beaucoup et il y a vraiment de tout. Des meilleures surprises aux pires déceptions.
Ce n’est pas l’objet, mais si tu veux des valeurs sûres, tourne-toi vers les bières de Athletic Brewing Company, Brulo ou Big Drop, qui ont l’avantage d’être des brasseries spécialisées dans le sans alcool et qui proposent donc un large éventail de styles. Certaines brasseries artisanales françaises en proposent de très bonnes également, mais je proposerai une sélection la prochaine fois.
Sinon, tu peux aussi tester les recettes de Benoît d’Onofrio, sobrelier de son métier, soit le sommelier des sobreuvages. C’est dans ma todo, si tu te lances avant moi je VEUX savoir, viens on en PARLE.
Dry Whenever, le mode d’emploi
Soyons honnête. Je ne pratique pas (encore) le Dry Whenever.
Mais j’aimerais le faire.
Je l’imagine ainsi :
Je me fixe une période sans alcool, sans raison précise, sans justification sociale, sans annonce patatras sur les réseaux sociaux.
Au moment où on me propose un verre, je demande un truc sans alcool.
Et quand on me demande pourquoi, je réponds : je fais un Dry Whenever.
Et cela suffirait.
Puis, quand je re-bois de l’alcool, je n’ai pas à me justifier, ni à faire de bilan.
Tout comme ce serait “normal” de boire une bière, cela deviendrait banal de faire un Dry Whenever.
Les gens me diront peut-être : “ah tiens bonne idée je me ferais bien un Dry Whenever aussi la semaine prochaine”. Et je n’aurais rien à dire en retour non plus, parce que ce serait totalement socialement acceptable et accepté.
En plus, ça te collerait la chanson de Shakira dans la tête.
La bise, et à très vite !
Juliette
Sources
Thu, 03 Oct 2024 07:20:40 GMT
Bonjour, bravo pour l'article très intéressant !
Je pratique déjà le Drywhenever...
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