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Ta dose de pop culture des bières

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Par Juliette Phuong
7 déc. · 5 mn à lire
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Ma ptite bibliobière

Sélection de livres, pour soi ou pour les autres

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Soyons fainéante

Plutôt qu’une sélection des meilleurs derniers livres sur la bière, j’ai tendu la main pour attraper mes livres de référence sur la bière. 

Ce sont ceux que je garde à portée de main, que je feuillette souvent. Si tu fais une visio avec moi, tu peux parfois les apercevoir derrière moi, posés sur les marches de l’escalier ou dans ma bibliothèque, en fonction du lieu où je te visiote. 

L’année prochaine ce ne sera peut-être plus les mêmes. On verra. 

Ces livres ne sont pas tout neufs, ils présentent donc l’avantage d’être empruntables, à la bibliothèque ou chez des ami·es, ou alors disponibles d’occasion. 

Bière et découvertes

Il existe énormément de livres de vulgarisation sur la bière, j’ai voulu faire l’impasse sur cette catégorie, mais j’ai trouvé ça snob de ma part. 

Beer A tasting course, Mark Dredge, DK

En anglais uniquement, donc je vais désespérer certaines personnes, mais je le trouve indispensable. Je trouve qu’il a un bon équilibre entre précision, vulgarisation et geekerie. 

Les illustrations sont sobres et très lisibles, même si pas extraordinaires. 

Je trouve les schémas explicatifs très clairs, comme celui sur les accords mets (page 85), celui sur le classement des différentes IPA en fonction de leurs profils aromatiques (page 129). 

Il y a une approche parfois technique, avec le graphique des températures d’empâtage, mais dans l’ensemble les amateurices ne seront pas perdu-es. 

Je ne suis pas très fan des fiches de style, mais elles sont relativement synthétiques. 

Vous allez enfin vous y connaître en bière, Anne Sophie Bigot, Larousse

Présenté sous forme de fiches mémo, chaque double-page répond à une question essentielle pour la vie de toute personne découvrant le monde merveilleux de la bière, ses subtilités et ses geekeries. 

Même si le format n’est pas exceptionnel comparé aux autres livres grand public sur le même thème, je trouve que l’autrice a un ton léger et direct, ce qui rend la lecture agréable. Certaines questions sortent du lot, comme : 

  • Que valent les médailles et concours ? 

  • Comment choisir si je ne connais pas les styles ? 

  • Pourquoi je vois tout le temps les mêmes bières dans les bars ? 

  • Les “bières de fille”, ça existe ?

Je regrette cependant le graphisme de ce livre, qui ne lui permet pas de sortir du lot. La majorité des livres sur la bière, adressés au grand public, semble adopter les mêmes aplats de couleurs faussement rétro-fluo, des illustrations qui ne s’illustrent pas, justement. Je ne remets pas en doute l’univers graphique des illustrateur·ices, je pense que si tous les livres de bières se ressemblent, c’est qu’il y a des gens qui ont collectivement pris cette décision. 

Bière et popotes 

J’ai beaucoup de livres de cuisine mais je m’en sers peu. Ils me servent surtout d’inspiration, et j’ai du mal à suivre une recette parce qu’il me manque toujours un ingrédient dans la liste. 

Cuisiner à la bière, 160 recettes maison, Keda Black, Marabout

Dans ce livre de recettes, les plats sont des classiques de la cuisine familiale. Carbonade flamande, fricassée de poulet, purée de patate douces avec une réduction de bière et sirop d’érable, sauce choco-bière pour sauver les gâteaux trop secs. Plutôt faciles.

Très honnêtement, la cuisine à la bière me sert essentiellement à me débarrasser des fonds de bouteille de la veille. En fonction de ce qu’il reste, je décide de ce que je vais cuisiner. 

Pas de marque citée, on ne parle que des styles dans les très très grandes lignes. 

La cuisine des amateurs de bière, Mark Dredge, Solar

Dans la même veine, mais ambiance pub, je garderais le saumon mariné à la witbier, le pain perdu à la hefeweizen, la tartelette citron à la saison et la sauce au fromage à la bière, pour gratin de chou-fleur ou croque monsieur.

Ce que j’ai apprécié, c’est que la traduction du livre a tenu compte des références de bières françaises, on peut donc trouver les quelques brasseries citées.  

Bière, histoire et société

Clin d’oeil aux copines de fac, avec nos cours d’arts, histoire et société pendant lesquels notre joie de vivre nous quittait. 

Beer and Racism, How Beer Become White, Why It Matters and the Movements to change It, Nathaniel G. Chapman, David L. Brunsma, Bristol University Press

Peu de livres traitent de ce sujet, et celui-ci est évidemment américain. De là à dire que c’est déconnecté de la réalité européenne, faut pas pousser pépé dans la marmite. 

Le propos, vulgarisé à ma sauce : le monde de la bière craft est majoritairement blanc, mâle (et hétéro), il ne l’est pas par essence, ni par hasard, mais par construction (oui comme les Lego). L’exclusion des personnes noires (pour reprendre le focus du livre, mais on pourrait élargir aux personnes racisées en général), s’est construite, à la fois parce que le pouvoir économique était détenu par des personnes majoritaires blanches et mâles qui ont centré ce qu’ils ont construit autour d'eux-mêmes, et parce qu’on n’a pas fait de place aux personnes racisées (tout simplement j’ai envie de dire). 

De l’exclusion volontaire et organisée, à la construction d’empires financiers centrés sur les blanc-hes, en passant par le manque de rôles modèles, plein de phénomènes concourent à rendre le paysage brassicole peu diversifié. 

Cet ouvrage de sociologie a le bon goût de ne pas annoncer de “solutions”, tout en présentant une amélioration de la situation, sans crier victoire. Oui la vie est pleine de nuances. 

Voilà, résumer des bouquins de socio, ce n’est pas mon métier, merci de votre indulgence.

Bieronomics, L’histoire du monde à travers la bière, Johan Swinnen, Devin Briski, De Boeck Supérieur 

Une nuit d’insomnie, mon cerveau joue aux Lego avec les idées qui traînent dans ma tête. Je cherche sur mon téléphone “bière + économie” pour émerger 3 heures plus tard sur cet ouvrage. Il m’a paru absolument indispensable, avec la crainte que ce soit rébarbatif. 

Plus que l’économie de la bière, c’est comprendre comment la bière a pu façonner l’Histoire, en devenant un enjeu économique. 

Voilà, résumer des bouquins d’éco, fait c’est mieux que parfait.

Maltriarcat, Anaïs Lecoq, Nouriturfu

Les 130 pages et quelques passent trop vite, mais à chaque fois que je le feuillette, je redécouvre une info. Soit j’ai une mémoire de passoire (très possible), soit ce bouquin est une mine d’informations. Son écriture de journaliste ne laisse pas souvent échapper de “je”, mais c’est bien la voix d’Anaïs, sa vision personnelle, qui porte ce travail de recherches unique. 

Parenthèse c’est ma vie : C’est bizarre de recommander un livre dans lequel je suis citée de temps à autre. D’ailleurs quand je tombe sur mon nom dans le livre, mon regard fuit, comme quand j’évite mon reflet dans le miroir parce que je ne me suis pas lavé les cheveux et que je suis dans le déni. 

Desi Pubs, A guide to British Indian Pubs, Food and Culture, David Jesudason

J’exagère si je dis que c’est une référence puisque c’est un sujet de niche. Mais je suis complètement influencée par le fait d’avoir beaucoup échangé avec son auteur, David Jesudason, en plus d’être abonnée à son blog. 

L’existence même de ce livre est extraordinaire. Il raconte l’histoire des desi pubs, ces établissements tenus par des British-Indians, qui sont nés en réponse aux pubs qui refusaient de servir les personnes non-blanches (des pubs racistes donc, tiens tiens). Étroitement lié à l’histoire personnelle de David Jesudason, c’est un guide avec plein d’adresses, mais surtout des portraits, des bouts d’histoires, de résistance et de victoire face au racisme normalisé. 

Re-Parenthèse c’est ma vie : Il me donne envie de partir à la rencontre de ces bars/tabac/bistro parisiens tenus par des Sud-Asiatiques, souvent des Vietnamiens. Parce que de mon souvenir d’enfance dans le 13e à Paris, ces lieux m’étaient complètement hostiles. J’ai de nets souvenirs de regards appuyés, de “elle va où la ptite chinetoque” quand je passais devant. Maintenant, j’ai encore un peu de mal à réaliser que dans certains de ces bistro, je peux y manger tranquillement un pho, et où le banh-mi a (grand) remplacé le jambon-beurre. 

Bière et bible

Les saveurs gastronomiques de la bière, David Lévesque Gendron, Martin Thibault, éditions Druide

La couverture te crie très fort que son contenu est super : 

PRIX LITTERAIRE Mondial de la bière

BEST BEER BOOK 

LAURÉAT D'OR. 

On a compris que c’était une référence incontournable. 

Effectivement, c’est un euphémisme de dire qu’il est complet. Il couvre beaucoup d’aspects de la dégustation de bière. 

Y a vlà du vocabulaire, si tu penses en manquer pour décrire la bière, alors ce livre deviendra ton livre de chevet. 

Trop rare pour ne pas le noter, il y a des fiches de descriptions de (presque) tous les goûts qu’on trouve dans la bière, avec souvent les noms des molécules chimiques. 

Les références sont canadiennes, donc s’exercer à la dégustation avec les bières citées est difficile pour moi qui suis parisiano-lyonnaise. 

Je déplore quelques très rares échappées sexistes, agaçantes mais pas suffisamment problématiques pour jeter le reste du livre. Juste j’ai écrit par dessus, au cas où ma fille lirait ce livre un jour. 

Tasting Beer, Randy Mosher, Storey

Premier livre de bière que j’ai lu. Commandé chez WHSmith à Paris (librairie anglophone vers Concorde, devenue Smith & Son). Les photos sont un peu vieillottes, mais ça me plaît bien. C’est très verbeux mais t’as envie de clamer le texte comme une tirade dramatique. 

Détail mais pas détail, les pages sont larges et la reliure en dos carré collé, ça veut dire que tu peux poser le livre à plat, sans trop lutter contre la reliure, ce qui est franchement pas anecdotique quand tu te plonges dans les grandes colonnes de texte. 

Je cite paresseusement : 

“Reading a book will not make you a beer expert. Beer exists in the sensory realm, and no amount of prose can take the place of (...) experiencing. (...) Everyone sees things differently. We bring our own personal histories to the table, and the interchange of insights lead to a richer, fuller understanding of beers, as well as a stronger community.”  

Je traduis infidèlement : 

Tu peux toujours lire des bouquins sur la bière, rien ne remplacera l’expérience empirique et les échanges avec des gens. C’est en croisant les regards qu’on se construit une expérience collective, en même temps que le collectif. 

Bière et BD

Alors rien. 

Pour l’instant, aucune BD en lien avec bière ne reste dans mes favoris. Soit les dessins ne me plaisaient pas, soit je me suis endormie tellement les propos étaient plats. Si tu as lu une BD sur la bière qui t’a plu, je suis preneuse de la référence et de ton avis. 

Toi tu lis quoi de beau sur la bière ? Maintenant que je t’ai donné des idées (auto)cadeaux, on échange ?