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Ta dose de pop culture des bières

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Par Juliette Phuong
16 mars · 4 mn à lire
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5 trucs pour mieux déguster les bières

Le 8e va t'épater

Cette PinPinte est upcyclée.

Elle réutilise le contenu durement compilé pour l’atelier qui a eu lieu la semaine dernière au Ground Control, dans le cadre du festival de l’Infolettre. 

Lève la main si tu as déjà dit ou entendu : “je ne sais pas déguster je ne suis pas professionnel·le de la bière”. 

Déjà, toustes les professionnel·les de la bière n’ont pas appris la dégustation. 

Les compétences pour concevoir, produire et vendre la bière sont déjà tellement nombreuses, chacun·e fait son métier au mieux. Or déguster mobilise des compétences spécifiques. 

Suis-je obligé·e de devenir zythologue pour savoir déguster ? 

Ça dépend, est-ce que tu veux en faire ton métier ? Si oui inscris-toi dans une formation professionnalisante, après avoir discuté avec d’ancien·es élèves pour te faire un avis.

Autrement équipe-toi de ta tête, d’une bière et on s’y met rapido crado. 

Intro : définir la dégustation

Sans rien connaître du tout, voici quelques trucs utiles pour mieux déguster les bières

D’abord, déguster n’est pas boire. 

Quand tu bois, tu étanches ta soif. 

Quand tu dégustes, tu mènes une enquête. 

La dégustation est une expérience sensorielle, pendant laquelle tu vas capter des informations, les nommer et les situer dans un cadre pour pouvoir les analyser. L’objectif peut être d’évaluer un produit, dans le cadre d’un concours par exemple. 

Que tu aimes ou non, nomme ce que tu perçois.

On l’a déjà entendu : “Faut pas dire beurk faut dire j’aime pas”. Bon là on n’est pas devant l’assiette de flageolets. En dégustation on prend toutes les infos qui viennent. 

C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ça viendra avec la pratique. Goûts, sensations, impressions, tout en vrac c’est très bien. Si tu arrives à différencier c’est encore mieux.

(Si tu n’aimes vraiment pas, par exemple si ça t’écoeure, laisse tomber, il y a plus de bières dans le monde que tu ne pourras jamais boire, ne te rends pas malade avec celle-ci.)

Ensuite, est-ce que cette perception est cohérente avec le produit proposé ?

Par exemple, même si on aime l’acidité, une pils acide doit autant alerter qu’un yaourt qui sent le curry. A priori ce n’est pas attendu, donc à voir si c’est une bizarrerie volontaire ou un défaut du produit. Mais on s’en fout pour l’instant des défauts. 

(Si tu ne t’en fous pas, tu peux commencer par jeter un oeil au BJCP, qui est une des références pour dresser le portrait des bières existantes. A l’origine c’était juste pour classer les bières dans les concours de brassage amateur. Bien lire les précautions d’usage, le BJCP n’est pas une bible)

1. Choisis ton verre, n’importe lequel

Franchement, celui qui te fait plaisir. On peut tergiverser sur le meilleur verre pour déguster, acheter le plus cher ou le plus empilable, ce qui compte c’est de s’en servir. 

N’importe quel verre tant qu’il est propre. J’ai écrit un article sur le choix du verre si tu veux t’y plonger. 

2. Rince le verre (bordel)

Pourquoi rincer ? Parce qu’il y a de la poussière sur les parois de ton verre (oui, même si tu ne les vois pas). Si tu verses ta bière sans rincer le verre, ces grains de poussière vont venir chercher la merde et se bagarrer avec ta bière et faire trop de mousse. 

Si tu aimes le verre rempli de mousse uniquement, je, ben je sais pas quoi dire. 

3. Débarrasse-toi des parasites

Pas de parfum, de dentifrice, de baume à lèvres, de crème pour les mains. Tout ce qui est parfumé va perturber la dégustation. 

Avant de déguster, un brossage de dents sans dentifrice, brosse bien ta langue, rince le tout à l’eau chaude et voilà. Non je ne pensais pas donner des conseils de brossage de dents un jour. 

4. Sentir d’abord

Comme pour le parfum, la note de tête est très éphémère. 

Avant de loucher sur la couleur de ta bière, renifle-la pour choper les composés volatiles

Tu peux éloigner un peu le verre, plonger ton nez dedans, alterner les narines. Crée le contraste en reniflant tes aisselles ou le creux de ton coude. 

Nos nez peuvent capter plus de 10 000 odeurs différentes, mais avons-nous le vocabulaire pour les identifier ? Dans les cultures européennes en tout cas, en termes linguistiques, les odeurs ont été beaucoup moins étudiées que les couleurs. Je sais dire sable ou coquille d’oeuf pour désigner des nuances de jaune, mais comment nuancer une odeur de fleur blanche ? 

Chez mes parents, on cuisine énormément. Tu veux savoir si la viande est périmée ? Tu la renifles. Tu veux savoir si le bouillon brûlant est assez assaisonné ? Tu le renifles. 

Je n’ai pas spécifiquement appris à nommer ce que je sentais, et c’est une lacune, mais cela m’a probablement appris à capter des informations olfactives et à m’y fier pour prendre une décision. 

5. Regarde-moi dans le verre

Maintenant on regarde la bière, et il y a plein de trucs à voir.

La couleur ok. What else ? 

De quelle couleur est la mousse ? Est-ce qu’elle est dense ? Fine ? Est-ce qu’elle est en train de disparaître ? Quel motif dessine-t-elle sur le verre ?

Le liquide est-il translucide ou opaque ? Est-ce qu’il y a un dépôt au fond du verre ? 

Est-ce que les bulles sont fines ? Est-ce qu’elles sont vives ? 

6. Expérimente la rétro olfaction

Quand on goûte la bière, on ne recrache pas. Il ne s’agit pas (seulement) de précepte d'alcoolique.

Quand tu sens la bière, tu captes des infos par voie orthonasale depuis tes narines. C’est ce qu’on appelle la rétro-olfaction.

Quand tu avales la bière, elle va développer d’autres arômes que tu vas capter par la voie rétro nasale, à savoir depuis l’intérieur de la bouche. 

7. Ralentis tes pensées

Dès que tu vas regarder la couleur, ton cerveau va fouiller dans ses archives et te ressortir tout fier la fiche type de la bière associée à la couleur perçue. 

Bière de couleur noire et très opaque, oulala ça va tabasser ça va être amer. Bière de couleur ambré, aaah là on va avoir du caramel. 

Ça s'appelle un biais cognitif.

Ça arrive à tout le monde, y compris aux professionnel·les donc on se détend. 

Pour déguster sans aucun biais cognitif, c’est probablement possible mais avec un peu d’entraînement

“Avoir conscience des parasites internes (nos préjugés, notre culture, notre expérience propre, notre humeur du jour) et externes (temps, lumière, bruits, odeurs …) importent pour les accepter. “ 

Extrait de “L’apprentissage de la dégustation du vin via une pédagogie eudémonique, les apports de la pleine conscience et de la méthode esthétique : des émotions au capital émotionnel”, Bernard Mazard

Questionne ce que tu sens.

Vraiment, est-ce si amer ? Comment tu te sens là ? Est-ce que tu as la mâchoire crispée ? Est-ce que cette personne qui rit si fort près du bar serait en train de t’agacer ? Est-ce que ça te rappelle la bière que tu avais bue avec une personne que tu aimais beaucoup ? 

Les émotions, les souvenirs, les raccourcis, tout est lié dans l’analyse sensorielle. On n’est pas des robots, sinon on ne boirait pas de bière. 

8. Bien s’entourer

Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de vouloir déguster une bière alors que tu es entouré de gens qui veulent juste glouglouter ? Tu te retrouves en décalé, à noter des trucs sur l’épaisseur de la mousse, pendant que les autres terminent allègrement la bouteille. 

Pour apprendre, il faut s’entourer de personnes qui vont apprendre avec toi et/ou t’aider. Il faut un lieu où tu te sens à l’aise pour dire des conneries et te tromper.

Il existe des associations, des clubs de dégustation, ou juste des regroupements d’amateurices. En se rapprochant de tes cavistes (spécialisé·es bières ou non), tu pourras grappiller des infos, ou créer toi-même une asso.

J’ai déjà parlé des Buveuses de Bières, mais au cas où. Ce soir, jeudi 9 février, on fête le premier anniversaire de l’asso avec une bière brassée en collaboration avec Fauve, en simultané dans 14 villes en France.

Quelle joie ! Si on ne s’y croise pas, bisou !


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