Quel verre à bière garder ?

S'il ne devait en rester qu'un.

Mais pourquoi tant de verres ?

Chaque verre a une forme, une épaisseur, une taille différente et cela joue sur l’analyse sensorielle. Depuis longtemps déjà, mon coloc de vie a renoncé à rencontrer chacun de mes verres à bière. Ils sont pourtant très sympathiques. Mon meuble à verres pleure et j’ai des cartons fièrement nommés “Diverres” dans la cave. Les araignées se marrent bien chez moi.

“Quel est le meilleur verre pour boire des bières ? ”

Tu possèdes cinq modèles de verres à vin, mais pour la bière il faudrait organiser des élections. En même temps, c’est un sujet rigolo donc je fais semblant de râler.

J’entends parfois : “un verre pour chaque style de bière”. Si cela se justifie pour des questions de tradition et de marketing, on peut aussi rétorquer que dans la vraie vie des gens, on s’en tamponne gentiment le cul (de bouteille). Ce qui compte, c’est le kiff d’avoir des verres adaptés à ta façon de boire des bières.

Si tu poses la question à un·e zythologue ou amateur·ice de bières, tu peux entendre : “técu”. Activer la zytho-traduction. Comprendre “Teku”, prononcer “tècou”.

Verre Teku, à côté d'une bouteille de 33cl, bière de blé Brett Series, brasserie Effet Papillon (33700 Mérignac)

C’est un verre à pied créé en 2006 par un duo de brasseur et zythologue italiens. Fabriqué en Allemagne, il jouit d’une grande popularité chez les zythologues, qui parfois poussent un peu trop mémé dans les drêches en affirmant que c’est le seul et meilleur verre au monde.

Parenthèse anatomie du verre

Commençons par nommer les quelques parties de l’objet, sans quoi on ne va pas se comprendre par la suite. De haut en bas, de façon non exhaustive :

buvant : là où tu poses tes lèvres
cheminée : partie du calice qui se resserre
épaule : partie la plus large du calice
calice : le corps du verre qui peut contenir du liquide
pied (jambe et cuvette)

Revenons à notre Teku, le chouchou de la classe

Je le trouve plutôt élégant et je l’utilise quasiment pour chaque dégustation. J’en ai cassé beaucoup et ma préférence va à celui floqué au nom de la brasserie Georgette simplement parce que j’adore ses bières.

Sur pied, la bière se réchauffe moins vite, sans contact avec les mains. Son épaule est large et anguleuse, un peu nerveuse. La cheminée se resserre vite, pour capturer les saveurs et les guider vers un buvant concave, ce qui flatte la mousse. Il est léger et équilibré, on peut le tenir par la cuvette, partie plate du pied, sans avoir mal aux mains au bout de dix minutes. Par contre, comme tous les verres à pied, il ne s’empile pas, contrairement aux bons verres à pintes, gardiens de nos beuveries.

La (pin)pinte du comptoir

Tulip, Nonic ou Shaker, ils ont tous en commun d’être constitués d’un verre plutôt épais, ce qui permet à la bière de rester fraîche plus longtemps, malgré nos grosses patounes. Le calice est relativement droit, nonobstant quelques spécificités (bourrelet sur le Nonic ou base légèrement resserrée sur le Tulip). Quand tu penches le verre, la bière prend de la vitesse sur le toboggan de la soif et plonge directement dans ton gosier qui n'a plus qu'à faire glou.

Photos de différents verres à glouglou. Focus sur la Cafi, IPA de la brasserie Stéphanoise (42100, Saint-Étienne)

Polyvalentes, leurs petites sœurs en version demi sont d’une mignonitude ultime pour moi et emportent ma préférence, puisque je bois beaucoup trop lentement pour prendre des pintes. Ma bière finit toujours tiède ou plate, ce qui me contrarie.

Je ne vais pas décrire tous les verres existants, les internets regorgent de portraits plus ou moins flatteurs. Je distingue grossièrement 3 caractéristiques sur un verre : pied ou pas pied, épaisseur du verre, épaisseur et forme du buvant.

On garde quoi alors ?

Si tu ne devais garder/acheter qu’un seul verre à bière, 3 questions pratico-pratiques comme on dit dans les entreprises bien :

As-tu de la place pour de nouveaux verres ?
Comment tiens-tu ton verre ?
Comment bois-tu le plus souvent ?

As-tu de la place pour de nouveaux verres ?

Si oui, procure-toi tous les verres à bière que tu trouveras. Sinon passe aux questions suivantes.

Comment tu tiens ton verre ?

Si tu attrapes systématiquement ton verre par le calice, ne te fatigue pas avec des verres à pied, ou alors prends les verres épais de bistro, parce que le principe du verre à pied c’est de ne pas réchauffer le liquide avec tes mains. On peut tout à fait déguster dans un verre à eau. Ce qui compte c’est de ne pas trop réchauffer la bière lors de la dégustation et de maximiser le contact avec les lèvres au niveau du buvant pour capter plus d'informations sensorielles.

Si tu tiens un verre en fonction de sa forme, passe à la dernière question.

Comment bois-tu le plus souvent ?

Si c’est pour faire du gros glouglou à l’apéro, avec essentiellement des bières de soif (indus ou artisanale d'ailleurs), choisis un verre type pinte. Ce sera plus pratique, et complètement adapté. Tu peux toujours faire de la dégustation ponctuellement avec un verre à vin, qui a un pied et un buvant fin.

Si tu aimes regarder la couleur de la bière, observer la tenue de sa mousse, ou si tu veux vraiment un outil de dégustation, choisis un verre à pied qui facilitera l’exercice, avec un buvant fin et légèrement évasé pour aider les composés volatiles à s’exprimer. Si tu gardes toujours le même verre, c’est plus facile de comparer les différentes bières que tu dégustes. Les verres à vin ont souvent un buvant qui se referme pour concentrer les arômes. Pour la bière, il faut laisser un peu de place à la mousse.

Oui donc la conclusion c'est : offre-toi un verre à bière.

Où les acheter ?

Maintenant que je t’ai convaincu·e d’acheter ou d’offrir des verres à bière (la période des achats inutiles approche, reste donc vigilant·e), regarde du côté des brasseries locales, artisanales ou que tu aimes bien. Souvent, ils sont illustrés ou joliment floqués avec le nom de ta brasserie de cœur. Non seulement tu prends un verre adapté à ce que tu bois le plus souvent, mais en plus tu soutiens la brasserie.

Et ça, en ce moment, c’est ultra précieux.

Bisou.

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